La soirée d'hier a-t-elle sonné le glas de la Supreme League? On est bien en droit de se poser la question tant cette compétition, tellement alléchante sur le papier et au départ, sera allée de déconvenues en désillusions. Toutefois, nous devons pas oublier le beau parcours de chacune des deux équipes pour se qualifier en finale.

Hier, si ce n'est l'absence de Chaban Ka (on ne l'aura finalement jamais vu combattre pour son équipe dans la compétition), tout était plutôt bien parti. La FFA était en nombre (Gary Decorde remplaçant Sylvain Potard) alors que la Atch Academy dédoublait l'inusable Boubacar Baldé (pesé aussi bien en -93 qu'en lourd!).

Beaucoup de gens attendaient l'affrontement entre Chabane Chaibeddra et Franck Guillot et je dois dire que le combat a tenu toutes ses promesses. On a eu droit à une guerre sans merci entre les deux hommes, généreux et épatants l'un comme l'autre. Ils ont livré une bataille épique et sans relâche pendant dix minutes. J'ai été surpris de voir un extra-round (je voyais Chaibeddra vainqueur mais bon, je ne suis pas juge) mais le public a apprécié voir un peu plus de ce fabuleux spectacle. Il faut dire que Franck et Chabane ont montré beaucoup de coeur et de détermination. Malheureusement, ce très beau combat va un peu se terminer en queue de poisson avec la victoire de Franck Guillot plaçant un étranglement sur un Chabane qui ne tape pourtant pas (étant idéalement placé, je confirme qu'il n'a pas tapé) mais se fait stopper par l'arbitre. Et c'est un peu le début de la fin pour cette finale de Supreme League. Attention, cet incident n'enlève en rien la beauté du combat de Franck Guillot, impeccable, mais elle entâche un peu le résultat global et a contribué quelque part à la suite des évènements.

Le combat qui opposait le toujours surprenant Léon Kenge à Mickael Lebout a également été âprement disputé. Lebout a un peu étonné la galerie en prenant ce combat debout du début à la fin, allant chercher Kenge en boxe. Grand bien lui en a pris car il a épuisé son adversaire au fur et à mesure de l'affrontement, un adversaire qui n'a rien lâché et qui a montré qu'il était présent pour ses potes. Mickael Lebout remporte le combat à la décision partagée, permettant ainsi à la FFA d'égaliser.

En troisième combat, Thomas Costes faisait face à Tahar Hadbi. Ils se sont littéralement rentrés dedans, avec Costes qui touche Hadbi dès le début. Mais Tahar, en guerrier qu'il est, a peu à peu mis son emprise sur le combat et touché Thomas à plusieurs reprises, le mettant proche de la rupture plus le combat avançait. Un splendide duel encore une fois entre deux combattants de grande valeur. A la limite du KO, Thomas Costes ne sera pas en mesure de reprendre le combat à l'entame du second round, mais bravo à lui pour son courage et à Tahar pour sa rage (il s'est cassé la main sur le visage de Thomas il me semble).

A partir de cet instant, la FFA mène 2/1 et tout le monde attend Boubacar Baldé, le guerrier, engagé sur deux combats et sur les épaules duquel repose désormais le sort de la Atch Academy. Et puis, bizarrement, le combat prévu contre Gary Decorde saute sans que l'on ne nous annonce quoi que ce soit. On voit des gens qui courent vers les vestiaires, des visages fermés, des discussions animées sur les côtés. Japy est en ébullition et on ne sait pas trop ce qui se trame en coulisses. J'aperçois Boubacar Baldé, habillé, pas en préparation au combat, qui regarde sans vraiment regarder le spectacle. Je vois Atch et Mathieu Nicourt en grande conversation. Automatiquement, on sait que ça sent mauvais. Gary Decorde, blessé, ne combattra pas. 2 partout. Le combat des poids lourds n'aura pas lieu: un point de règlement relatif à l'écart du poids entre deux adversaires - notamment quand l'un  d'eux monte de catégorie le jour-même - trop important pour que le combat puisse se faire (règlement disponible sur le site ffscda.com). Les deux camps conviennent alors d'un résultat ex-aequo, pour ne pas dire nul. Deux vainqueurs ex-aequo, ça reste quand-même plus positif que l'inverse!

On a donc droit à une égalité, deux moitiés de vainqueur, un coup d'épée dans l'eau, encore un combat de lourds qui saute, un caramel mou quoi! On prive le public d'un duel au sommet jusqu'au bout (2/2, situation dramatique idéale pour une telle finale) surtout après le show que nous ont offert les premiers combattants. Je pense à Baldé aussi, prêt à combattre deux fois de suite pour ses potes, son équipe et qui ne fera finalement rien, à Chaban Ka dont on ne connait pas les raisons de l'absence, je pense au public venu en nombre, je pense aux deux équipes qui ne peuvent pas vraiment se réjouir d'un tel résultat, je pense à Atch qui doit maudire cette compétition après toutes les péripéties causées (équipes qui ne jouent pas le jeu, abandons, absences, etc.).. On ne saura jamais vraiment le pourquoi du comment! Baldé pouvait-il combattre en lourd? Si non, pourquoi n'y at-il pas eu 1 partout au départ (abandon de Decorde pour FFA, absence de lourd pour Atch, donc au final 3/2 pour la FFA)? Pourquoi la pesée est-elle possible sur un large laps de temps? Autant de questions qui ne trouveront peut-être pas de réponses tout de suite! Si on veut refaire cette compétition il faudra en clarifier les règles dès le départ. 

Au-delà de cette compétition, on a eu tout de même eu droit à un très beau Contenders en -65 kilos avec la victoire d'une révélation, celle de Teddy Violet, de Haute tension. Après un premier combat face à un excellent puncheur (Aurélien Baup du Boxing Squad), Teddy a battu plus aisément le repêché Aymeric Uneau (team Apash) avant de battre en finale l'épatant Chresus Mokima (SDCL Coignière). VIolet se sera montré le plus créatif et complet de la soirée. Mokima, lui, est un sacré guerrier. Le bonhomme a gagné ses deux premiers combats à la décision, et a poussé Violet à l'extra-round en finale: 35 minutes de fight! On le reverra le bonhomme! Félicitations aussi aux autres participants, Omar Samb, Sadio Cissé (vainqueur de son premier tour mais dans l'impossibilité de recombattre - on lui souhaite un prompt rétablissement), le tout jeune Herman Grebaba (belle résistance), Timour Yarashkhanov, Aymeric Uneau et donc Aurélien Baup, excellent.

Dans les Golden Contenders, la victoire est revenue aux vainqueurs face aux finalistes. Ainsi Anthony Grondin (MMA 974) n'a pas fait de détail face à Maxime Maucotel (qui combattait à la place de Lebout, engagé dans la Supreme League) en le soumettant au premier round, alors que le très talentueux Youness Mikiss (EAM Team) prenait la mesure du réunionnais Terry Lamlac dans le second round. (en photo, Terry Lamlac, Christophe Dafreville et Anthony Grondin)

Enfin, Luc Hernandez (Solaure fight team) a montré tout son talent au sol face à Mehdi Messai (arrêté par l'arbitre, à juste titre, vue la position que prenait son bras sur un juji) et on a découvert un nouveau cogneur en la personne de Cheikh Kone, vainqueur à la décision d'un très courageux et résistant Yacine Boukara (team Apash).

Voilà pour la soirée, plutot très sympa malgré tout, avec de très beaux combats, de belles découvertes et de belles oppositions. Quant à la Supreme League, je ne sais pas si le format sera reconduit l'an prochain, mais il faudra en clarifier les règles, sélectionner des équipes qui s'investissent et jouent vraiment le jeu et sûrement réfléchir à autre chose. Mais ça reste au conditionnel!!!