Suite au succès du poids lourd bastiais, Florian Navarro, lors du tournoi poids lourd des contenders, nous avons rencontré, Fred Boigeol, coach emblématiue du KTP Scola. Avec lui, nous avons retracé le parcours des combattants du club et ouvert la conversation à d'autres horizons.

1- Florian Navarro vient de remporter la ceinture des contenders et pointe désormais avec un record de 6/0. Peux-tu nous parler un peu de lui et de son parcours ?

Florian Navarro est un jeune combattant  de 24 ans  c ‘est aussi un pur produit KTP puisqu’il est issu de la musculation. c’est notre fighter Jean Jacques Calistri qui a fait sa connaissance à Bastia., Comme il était costaud physiquement, il lui a proposé de venir s’entraîner et l’aventure a démarré ainsi.

C’est une bonne recrue puisqu’il n’a de cesse de progresser.. C’est un garçon attachant, d’ailleurs avec son binôme Jean Jacques, c’est un plaisir pour moi de le guider dans cette aventure. C’est simple parce que ce sont des jeunes hommes équilibrés, bien dans leur tête et qui savent où ils vont.

L’objectif de Florian est simple et me convient bien, puisqu’il veut gagner. Pour cela, il s’en donne les moyens car il s’entraîne tous les jours, il écoute mes conseils et respecte scrupuleusement les programmes d’entraînement que je lui donne. Que ce soit sur le foncier   ou la partie technique, il répond toujours par l’affirmative  et ça c’est très intéressant pour un coach.

Voilà donc j’espère que ça continuera dans ce sens et qu’il confirmera par la suite mais je n’en doute pas puisque son palmarès parle de lui- même.

2-Quels objectifs à venir désormais pour lui ?

Concernant ses objectifs, ils sont fixés sur les rencontres et les propositions que nous aurons, en ne faisant pas n’importe quoi. Et puis, jouer dans la cour des grands serait pour nous un bel objectif mais comme je ne veux pas lui porter la guigne, on continuera de s’entrainer comme on l’a toujours fait et normalement Florian devrait être récompensé de ses efforts.

Il était prévu sur la carte du HFC le 12 mars, mais un problème de cheville m’a obligé à annuler cette opposition car il doit être à 100 % pour combattre et ce n’est pas le cas donc après sa belle performance du Contenders 31, je ne vais pas prendre  pas le risque de faire une contre-performance.

3-Au HFC, il y aura également Maria Casanova, pour un combat revanche face à Clémence Schreiber. Comment aborde-t-elle cette échéance ?

Oui il y aura Maria Casanova sur le plateau du HFC le 12 mars puisqu’elle sera opposée  à Clémence Schreiber de la Team Platinum dans les règles du MMA. Un combat explosif qui devrait tenir toutes ses promesses car Maria, comme vous avez pu le voir dernièrement est en phase de progression énorme, de plus il s’agit d’une revanche face à Clémence donc « Joker »pour ce fight mais ça va puncher.

Maria  qui est aussi un pur produit KTP est une combattante avec des valeurs d’efforts, elle ne loupe jamais une occasion de s’entraîner, elle est volontaire et à l’écoute  et réceptive du moindre conseil donc c’est  aussi un énorme plaisir de manager une combattante de ce tempérament.  Le 12 mars est une étape importante pour elle car c’est une battante et pour elle aussi le goût de la défaite est amer.

Je sais qu’elle veut remettre le compte à zéro avec Clémence donc rendez-vous à Bales.

4-Ton troisième fer de lance, Jean-Jacques Calistri, reste sur un revers face à Cissé et se fait un peu plus discret que Navarro ces derniers mois. Pourquoi ?

Mon troisième fer de lance Jean Jacques Calistri reste sur un revers, face à Zoumana Cisse certes mais il faut reconnaître qu’en France tous les poids lourds du circuit restent sur le même revers « Zoumana reste invaincu » donc c’est un échec mais pas une fin. Jean Jacques Calistri est un bon boxeur expérimenté. Il n’a pas eu le temps de s’exprimer devant l’explosivité de Zoumana et il en tire encore de nouvelles conclusion simples : « il faut encore travailler et travailler plus »

On ne se voile pas la face entre nous, chacun assume, lorsqu’un de mes poulains est défait je suis meurtri au même titre que lui. C’est ça qui nous fait avancer, on se remet en question souvent.

Lorsque les conclusions sont tirées, on repart à l’entraînement, on corrige si on le doit et on repart pour la gagne.

Jean Jacques va rebondir rapidement et va bientôt enjamber les cordes pour de beaux rendez-vous, c’est prévu dès le mois d’avril.

Sébastien Albertini le 4 eme boxeur pro du KTP Scola a été écarté des rings cette saison par une mauvaise blessure aux cervicales mais reste toujours prêt et attend une seule chose : le feu vert du médecin pour repartir à la conquête de combats.

Mes boxeurs comme Jean Jacques, Florian, Maria ou Sébastien sont intelligents et assument leurs victoires, comme leurs défaites. Ils ne se  racontent pas des histoires et ne quittent pas le navire à la moindre difficulté ou à la première défaite.

Aujourd’hui,  beaucoup trouvent des excuses à leurs échecs, ou n’assument pas. C’est la différence entre un Champion qui garde ses objectifs en vue et un mec qui rêve sa vie de Champion.  Chez nous au KTP, nous sommes contents et fier d’avoir des Champions mais qui méritent de l’être, nous les formons, nous investissons de l’argent, du temps et de la passion. Si l’objectif est atteint tant mieux, dans le cas contraire, tant pis. 

Ces 4 combattants ont un point commun c’est la confiance et le respect qu’ils portent à leurs coachs, à l’heure où il est plus aisé de reporter ses propres défaillances sur son formateur et de prendre la tangente à la moindre remarque ou défaite , je suis fier de compter dans mes rangs des fighteurs fiables, humbles , entiers et valeureux. Dans ces conditions, s’investir personnellement dans la transmission et la formation devient un vrai plaisir. 

5-Va-t-on bientôt voir les jeunes pousses du KTP Scola ?

Nos jeunes pousses du KTP Scola sont en voie de construction, certains à peine âgé de 16 ans pratiquent déjà depuis presque 10 ans dont mes 2 enfants alors ils accumulent les techniques patiemment mais surement. Nous sommes pour l’instant dans l’éducatif et c’est très bien comme ça, en  Kick Boxing, en Pancrace, des titres de Champions de France éducatifs ont déjà récompensé plusieurs années de suite les plus assidus mais pas de prise de tête, on reste dans le plaisir et la construction physique et mental. Ils auront le temps quand l’heure sera venue de fighter comme leurs ainés. En attendant je les protège.

6-Quel regard portes-tu sur le MMA français au jour d’aujourd’hui ?

Le MMA français est en bonne voie de légalisation je le pense. Grace au travail de gens sérieux. Simplement, j’espère que sa reconnaissance ne dénaturera pas  ce sport comme cela a été le cas pour le Muay thaï, le Kick Boxing  ou nous avons vu un nombre in considérable de Champions croitre à une vitesse extraordinaire. Je souhaite vraiment que le MMA et le Pancrace se développent  mais à côté de ça, j’aimerais qu’il soit géré par des personnes qui ne pensent pas qu’au business et à la « Championnite ». Ces disciplines ont des valeurs qui rassemblent mais les individualités prédominent et au final chacun prétend connaitre le graal et on n’avance pas. Je suis peut être  vieille mode mais j’ai connu les prémices du Muay thaï français et je me rappelle que beaucoup œuvraient sans intérêt financier, aujourd’hui, avec la crise, j’ai l’impression que ça devient un moyen de gratter un billet, on perd un peu de la passion. Certains gagnent de l’argent et en font leur métier c’est tout à fait normal mais la tendance actuelle voit quand même arriver un  tas de drôles de mecs  qui s’improvisent  coachs. Ça me contrarie un peu dans la mesure où des passionnés s’investissent depuis de longues années pour développer ces disciplines et certains arrivent et récupèrent le travail de ceux-là et hop le tour est joué « regardes mes mains, est ce que tu vois mon doigt ? » lol. Ça c’était mon coup de gueule du jour.

J’espère que je me trompe et que bientôt on pourra voir beaucoup d’enfants sur les tapis français de Pancrace et de MMA car ce dont  je suis sûr c’est que ces enfants deviendront les hommes de demain et c’est avec eux qu’il faut compter pour faire du MMA un beau sport.

7-En fin d’année tu as participé au fameux gala des « anciens ». Bon souvenir ?

Oui le gala des anciens est un bon souvenir. Je tenais vraiment à y participer, étant moi-même « un vieux de la vieille » des années 80,90 puisque j’ai boxé pendant 13 ans dont 10 en classe A (de l’époque). Cet hommage à Pascal Iglicki était plein d’émotion. Nous souhaitions   remplir la salle et remettre la recette à son épouse. J’ai trouvé l’initiative de Jo Prestia et de Sam Berrandou excellente et j’ai adhéré au projet.² Oui je connaissais Pascal puisqu’il avait fait le compte rendu de mon Championnat d’Europe sur Karaté Bushido et je l’avais rencontré sur des galas. Pascal savait nous mettre en valeur  puisqu’à cette époque, il n’y avait pas d’internet, on ne  pouvait pas faire les beaux sur Facebook avec 3 combats classe C. (il n’y a rien de péjoratif en cela mais la notoriété d’un boxeur doit être en rapport avec ses qualités techniques et son palmarès). Pour être connu, il fallait boxer et surtout gagner.

Pendant ma préparation,  nous avons inversé les rôles et ce sont mes compétiteurs Florian Navarro et Jean jacques Calistri  qui m’ont tenu les paos et ont veillé à me soutenir dans ma préparation. J’ai retrouvé une deuxième jeunesse, j’étais prêt comme à l’époque. Dans mon coin étaient présents Florian Navarro  mais aussi  un de mes fighters et pas des moindres Pierre Antoine Puzicha. Ils étaient accompagnés de Daniel Dessalces mon entraineur et ami  des années 80 sous l’œil attendri de ma femme, de mes enfants.

Certains de mes élèves tenaient à être présents et ont  fait le déplacement de Bastia à Paris, ainsi que plusieurs anciens partenaires et amis de Clermont Fd et de la région parisienne, venus me soutenir.

Mon adversaire de ce soir-là Chabane Bouricha  s’était également bien  préparé pour que nous puissions offrir un beau spectacle.

Cela était très émouvant  de retrouver sur le plateau tous les anciens Champions de mon époque qui ont fait la grandeur du Muay thaï Français

Ce gala des vétérans a réuni presque tous les anciens, il en manquait malheureusement mais ce fut un beau mémorial et hommage qui prouvent encore une fois  que nos disciplines sont remplies d’humanité

Conclusion

Pour terminer cet interview, je voudrais dire que nous avons au KTP Scola une légion de jeunes pousses qui n’attendent que l’occasion de s’exprimer. Grandir au sein du KTP c’est respecter les règles de la discipline et les règles du vivre ensemble. Chez nous pas de différence entre un débutant et un combattant expérimenté (sauf le rythme  d’entrainement lot) tout le monde y  trouve son compte. L’aspect social n’est pas négligeable puisque beaucoup d’enfants et d’ados se découvrent grâce à la pratique des sports de combat. Je généralise volontairement pour  que les pouvoirs publics comprennent enfin que le MMA, la Boxe Thaï, Le Pancrace, ou le Kick boxing sont des sports qui guident, guérissent et unissent les gens. Dans le bon chemin, je le pense vraiment car je m’y attache avec mes co entraineurs et ma Team.  Ceux qui ne souhaitaient pas adhérer à notre éthique nous ont quitté mais la force du KTP réside dans la fidélité de ceux qui s’y investissent.

Je voudrais clôturer cet interview par des remerciements à l’équipe de France fight, Stéphane Atch et son équipe pour leurs  belles organisations, les Team et leurs coachs pour les valeurs qu’ils transmettent, et à tous ceux qui œuvrent pour nos  disciplines.

Félicitations aux personnes qui composent la Team KTP Scola, sa Présidente Béatrice Boigeol, mon co entraineur et secrétaire William Pierrini-Scaillierez, notre Vice-Président Yannick Matelli, notre trésorier Raymond Baulenas, Maria Casanova qui encadre les enfants, notre  partenaire « Corsica Fight Shop » et tous ceux qui nous soutiennent.

Pour les détracteurs du MMA  revoyez vos techniques et apprenez-les.

« Transmettre sa passion est un Don, l’enseigner est un Art »