Shadowludo : Bonjour, je m’appelle Ludovic Dandine, on me surnomme « Shadow Ludo », je suis originaire de Grigny, j’y ai vécu de mon premier jour jusqu’à l'age de 24 ans. Dès que ma première fille a eu 3 ans je me suis installé dans la ville juste à coté. Je suis éducateur sportif multi-sports depuis 13 ans. Je suis titulaire du BEES « Activités sportives pour tous », du BPJEPS « sports de contact » et du BPJEPS « lutte et disciplines associées»… Aujourd’hui, je suis en formation à l’INSEP pour avoir le BPJEPS « activités gymniques de la forme et de la force ». La journée, j’enseigne les jeux d’opposition (lutte) aux classes de CP et CE1 de Grigny. Le soir, je donne des cours de MuayThaï et de Pancrace/MMA au Boxing Club Courcouronnais. Accessoirement je suis le responsable national de l’arbitrage pancrace au sein de la FFSCDA et cadre fédéral au sein du CNG/FFL.

 

France Fight : On voit donc que toute ta vie professionnelle tourne autour du sport. Peux-tu être un peu plus précis concernant ton parcours sportif ?

 

Shadowludo :  Je fais du sport depuis l’âge de 6 ans. Le parcours classique de l’enfant turbulent... J'ai donc pratiqué en club dans l'ordre : Le judo, puis le tennis, le full contact, le basket, la boxe, le kick boxing, le pancrace, le grappling, le muay thaï et enfin MMA. Le sport que j’ai pratiqué au plus haut niveau est le basket, j’ai connu les sélections jeunes et j’ai failli intégrer l’équipe de Paris-Levallois en 1993.

 

France Fight : Pourquoi n'es-tu pas resté au basket où ça avait l'air de bien fonctionner pour toi et avoir choisi les sports de combats ?

 

Shadowludo : Celui qui m'a fait m'orienter vers les sports de combat est comme pour beaucoup d'autres : Bruce Lee l’avant gardiste !!! Le premier à faire un juji dans « Opération Dragon », à se déplacer à la Mohamed Ali et à créer son MMA : « Jeet Kun Do », qui d’après lui reprenait les techniques les plus efficaces dans les arts martiaux et sports de combat. Et grâce à un homme, Franck Cauët, lui-même éducateur sportif qui travaille sur Grigny. Je cherchais à faire du kung fu comme Bruce Lee, il m’a convaincu de faire du Full contact… J’avais alors 12 ans…

 

France Fight : Lesquels as tu pratiqué ?

 

Shadowludo : Je dissocie les arts martiaux et les sports de combat car on ne peut pas comparer l’art du Dieu de la guerre « MARS » où l'on doit tuer à un sport où l'on doit gagner… D’ailleurs, la volonté de promouvoir les arts martiaux a dénaturé pour moi les disciplines martiales. En effet, on en a fait des sports et donc à cause de l’intégrité physique, on a retiré toutes les techniques dangereuses. J'ai donc pratiqué en tant qu'Arts martiaux : le judo, le karaté, le tae kwon do, et le jjb. Concernant les sports de combat : le full contact, le kick boxing, la boxe anglaise, la muay thaï, le pancrace, le grappling et le MMA.

 

France Fight : Et qu'en est-il concernant la compétition ?

 

Shadowludo : J'ai été compétiteur en full contact, grappling et MMA… J’ai réussi quelques petites performances, mais j’ai toujours échoué contre les vraies pointures. On va dire que j’ai été un compétiteur moyen, le genre de mec chiant à battre, toutefois avec un gros physique on y arrivait toujours.

 

France Fight : Quand, était-ce ? je n'ai jamais entendu parler de toi en tant que compétiteur...

 

Shadowludo : J’ai arrêté en 2005 à cause des médecins. Ce n'était pas aussi médiatisé qu'aujourd'hui, mais tu pourras demander à des anciens comme Hakim Gouram (vainqueur du VIC 4 et finaliste du VIC 3 contre MONSON), Christian « TONTON » M'pumbu en MMA, Marcus Tchinda (vainqueur du VIC 1).

 

France Fight : Par quels clubs es-tu passé ? Quels ont été tes entraineurs ?

 

Shadowludo : Je vais te donner les principaux, sinon ce serait trop long... ABS Grigny avec Jean-Hervé Goyot ; Haute Tension avec Loic Pora ; Vivacité avec Yan Goavec ; Ris Muay Thaï avec Gilles et Grapplisses avec Luc Farrando.

 

France Fight : Et donc, pourquoi ce choix de finalement te diriger MMA ?

 

Shadowludo : En 1993, je tombe sur l’UFC 2, sans trouver ça génial, de la boucherie pour moi. En tant que boxeur, je ne comprends pas que des mecs du sol gagnent et qu’il n’y ait pas de catégories de poids. Puis, 10 ans plus tard, je tombe sur le Pride Dynamite : C’est une révolution ! Pride 23, Cyrille Diabaté est aux commentaires et passe le bonjour à ses élèves et là, je n’ai qu’une envie c'est de devenir l'un d'entre eux. Je vais donc à Haute Tension, où Cyrille s’entrainait à l'époque mais c’est Loïc Pora qui donne les cours de pancrace/MMA…

 

France Fight : Qui fut ton adversaire le plus dur en compétition ?

 

Shadowludo : Tonton !!! Je l’appelle le « dos argenté »… Une force de malade… Très technique… Je suis son premier combat MMA, je crois… Le début du combat se passait plutôt bien pour moi debout mais j'ai décidé d’aller au sol… Je lui place un juji dans la garde et là MONSIEUR Tonton me fait une « RAMPAGE-ARONA »… A la vidéo, j’ai vu ma tête monter jusqu’à la deuxième corde. Après ça, je n'avais plus d’énergie et tonton m’a étouffé au sol, il a tenté des soumissions, j'ai défendu, puis il s'est remis debout. Et là, j’avais plus de cardio, je suis donc resté sur le dos et ai tenté deux clés de jambe, mais il m'a martelé de frappes jusqu'à ce que l’arbitre arrête le combat ! Mes autres rencontres marquantes étaient face à Marcus Tchinda, que j’ai affronté en ayant 40 kg de moins et Hakim Gouram, les vainqueurs du VIC.

 

France Fight : Comme tu nous l'as dit, tu as arrêté la compétition en 2005, c'est à ce moment là que tu es devenu arbitre ?

 

Shadowludo : Exactement… Je ne me suis pas levé un matin en me disant « je veux être arbitre » (rire). Je ne pouvais plus combattre à cause de mes hernies et j'étais éducateur sportif à l’époque. Donc, je suis parti pour un autre genre d’encadrement et de pédagogie. Un moyen de connaître encore les sensations de compet…

 

France Fight : Combien de compets as-tu arbitré et pour quelles organisations ?

 

Shadowludo : J'ai arbitré plus d’une centaine de compétitions ! Je te donne les principales : VIC, CONTENDERS, 100% Fight, Gone, les championnats de France de grappling, Clash des champions, Nrfight, etc...

 

France Fight : Quel est ton meilleur souvenir en tant qu'arbitre ?

 

Shadowludo : Le VIC… C'est la compet de la famille ! C’est grâce à cette compétition que l’on a commencé à parler de moi… déjà sur un litige… Lopez vs Wanderlei… A l’époque, il n’y avait pas de fédé, les règles étaient faites par l’organisateur… On avait remarqué que l’arbitre était constamment chahuté par les coachs, les combattants et le public. Donc, nous avions décidé que l’arbitre central gèrerait le combat mais que la table déciderait du vainqueur comme en boxe ou à l’UFC. Mais, il y a eu une mésentente entre moi et ma table sur ce combat. Lopez, alors pris en guillotine, n’a pas tapé avant la fin du combat et Wanderleï a continué à serrer après le gong… Résultat : Evanouissement de Lopez et la table qui donne Wanderleï gagnant. Une partie du public hue, l’autre applaudit, moi je casse la décision de la table malgré le règlement et explique que Lopez n’a pas tapé pendant le combat et que c’est lui le vainqueur, on décide de la prolongation et je prends mon courage à deux mains pour expliquer ça au public...

 

 
 

France Fight : Parle nous maintenant de ton pire souvenir...

 

Shadowludo : Sans hésitation, la ceinture du 100% Fight entre Nayeb et Salazar… J’ai vu, à ce moment là,  mon travail salué et respecté pendant des années, être jeté à terre à cause d’une erreur de jugement… Salazar se fait toucher par deux crochets, il tombe sur le dos les yeux révulsés. J’arrête alors Nayeb mais avec le choc sur le ring Salazar revient à lui, trop tard j’avais déjà arrêté le combat ! 3000 personnes qui me huent, j’essaye d’expliquer ma décision, insiste sur l’intégrité physique des combattants, certains applaudissent et d’autres s’acharneront sur le net… Tout le monde y va de son commentaire, journalistes, combattants, coachs. Toutefois, j’ai eu aussi beaucoup de témoignages de soutien et je ne suis pas près d’oublier ces personnes à contre courant…

 

 

 

France Fight : Est-ce la raison de ton arrêt ?

 

Shadowludo : Non. Aujourd’hui, j’ai des responsabilités fédérales qui me permettent d’être plus sur le terrain. De plus, je suis marié et père de quatre enfants et je ne peux pas être de partout… (rire)

 

France Fight  : Alors, comment t’investis-tu, aujourd'hui, dans notre sport ?

 

Shadowludo : J’ai quitté Vivacité pour aller gagner ma croute dans un tout nouveau club le B2C, j’y enseigne le muay thaï et le pancrace/MMA. Cela se passe très bien avec les dirigeants qui sont satisfaits de mon travail. Avec le prof de kick boxing, on a monté un pôle compétiteur et on les fait combattre dans toutes les disciplines. Je suis aussi cadre fédéral au CNG et à la FFSCDA. Je me suis également positionné dans le projet de la CNMMA qui consiste à développer le MMA éducatif.

 

France Fight : Pourquoi cette voie ?

 

Shadowludo : J’ai mis deux ans pour avoir tous mes diplômes. J’ai rencontré un formateur qui a été pour moi un exemple à suivre : Fernand Lopez… Je le connaissais comme combattant mais j’ai été bluffé par sa connaissance, sa science et ses compétences de développement.

 

France Fight : Quels sont désormais tes projets ?

 

Shadowludo : Je vais continuer mon cursus de formation professionnelle : DESJEPS et j'espère aller dans les alentours de Toulon d’ici trois ans et ainsi rejoindre mes potes de la Jackuraba Bushido Team ! Sportivement, je compte développer mon club, faire de la performance avec mes compétiteurs et au niveau fédéral, tout faire pour développer le Pancrace qui aujourd’hui n'existe pratiquement qu’au niveau des galas : Atch, FMC, PFC, Fightway…

 

France Fight : Qui sont tes combattants préférés ?

 

Shadowludo : A l'étranger, je dirais actuellement, Jon Jones et Anderson Silva. Concernant les français : Cyrille Diabaté et Tonton. J'ai toujours aimé les strikers et les artistes de la soumission... Je respecte beaucoup les lutteurs mais je n’aime pas leur style qui colle ! (rire)

 

France Fight : Et une petite question pour terminer, d'où te vient ce surnom de « Shadow » ?

 

Shadowludo : Ce surnom vient de « Shadow Boxing » : Technique de boxe dans le vide pour s’échauffer… Et puis avec cette cage dans le cou en guise de ressort, je ne suis plus que « l’ombre de moi-même… ». Je pense être quelqu’un de technique mais pas du tout physique, j’ai la force d’un middleweight alors que je suis un light heavyweight, donc je ne suis finalement bon qu’au shadow…

 

France Fight : Merci encore d'avoir pris le temps de répondre à nos questions et j'espère que cette entrevue donnera l'occasion aux fans de pancrace/MMA de te connaitre sous un autre angle que celui d'arbitre. A très bientôt !

 

Shadowludo : Merci à vous, à bientôt !