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Entretien avec Kristof Midoux, mentor de George St. Pierre

12-02-2013 é 11:18:15    Mattoulon    Interviews


Lors de notre passage à Monaco, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Kristof Midoux qui nous a parlé de lui-même, de son avis sur le MMA et la France, mais aussi beaucoup de George St. Pierre qu'il cottoie au quotidien depuis son plus jeune âge... (Merci à Eric Nardone de nous avoir arrangé ce rendez-vous)

 
 
France Fight : Bonjour Kristof, merci de répondre à quelques-unes de nos questions. On se retrouve aujourd’hui à Monaco, es-tu du coin ?
 
Kristof Midoux : Non,  je ne suis pas de Monaco.  Je passe pratiquement tous les matins à la Black Out Academy, j’aime tourner chez les gens que je connais et n’ai pas de salle habituelle.  Je  m’entraine souvent en Russie, Ukraine, Canada ou Kazakhstan.  Quand je viens ici, c’est plutôt pour me reposer. Je sors actuellement de blessure et d’une opération.
 
FF : Ton dernier combat date de 2007, un retour est-il envisageable ?
 
KM : J’avais voulu recombattre au PFC à Marseille, pour faire plaisir mais je me suis blessé. Avant ça, tous mes combats ont été annulés, les adversaires se sont toujours défilés au dernier moment. Actuellement, ma priorité est d’aider George St. Pierre à se préparer pour son futur combat, ensuite je dois retourner sur Paris pour me faire réopérer.
 
FF : On te connaît deux surnoms, « The French Hurricane » et « The Phoenix ». D’où viennent-ils ?
 
KM : Le surnom « The French Hurricane », m’a été donné au Canada où je suis arrivé durant une forte période d’ouragans. Concernant « The Phoenix », ce pseudo vient du japon. On m’a appelé ainsi suite à un accident grave ; beaucoup pensaient que je ne pourrais plus rien faire et que je suis finalement revenu de nulle part tel le phoenix renaissant de ses cendres.
 
FF : Tu as connu George St. Pierre lorsqu’il était tout jeune, depuis tu ne l’as plus jamais quitté…
 
KM : Oui, je l’ai connu à l’age de 11 ans et c’était déjà un guerrier. J’étais alors champion au Canada et je pensais qu’il me serrait la main comme les autres fans. Il me disait « Je veux faire comme toi… », alors je lui ai dit de venir s’entrainer le lendemain, depuis il ne m’a plus quitté. 
 
FF : Comment est GSP au quotidien ?
 
KM : Il ne s’arrête jamais et est infatigable. Toute sa journée  est chronométrée, il est super speed et très ponctuel. Il pourrait faire n’importe quel sport et en serait le champion. Chaque jour où il se lève, il progresse encore. George est toujours entre la première et la deuxième place dans chaque discipline au Tristar. Il égale par exemple un roumain qui a environ 300 combats en boxe anglaise. Il se transforme dans chaque sport, qu’il fasse de la gym, de la course, de la lutte, de l’haltérophilie ou autre, il le fera toujours comme un professionnel de la spécialité. Il a un entrainement très varié,  ne laisse aucun  sport de côté et ne tombe jamais dans la routine. Il ne se rend parfois  pas compte qu’il est inusable et que les gens ont du mal à suivre son rythme. George, même en étant champion prend les conseils de grands maîtres comme Roger Gracie et se remet tout le temps en question, c’est un perfectionniste et un fou de la technique. Il peut passer une demi- heure à travailler la même technique alors que la plupart des gens le font seulement une ou deux fois et pensent savoir la faire. Il est aussi très bon professeur : il s’occupe d’ailleurs beaucoup de Rory Macdonald en ce moment.
 
FF : Dans quelques jours tu retournes à Montréal pour la préparation de son combat contre Nick Diaz. On sait que Diaz a un profil de bad boy dans ce sport et GSP passe pour le gentil, qu’en penses-tu ?
 
KM : Les gens pensent que George est gentil, il est gentil dans la vie... Mais dans la cage, c’est lui le méchant ! Contrairement aux autres, il n’a pas besoin d’en faire des tonnes avant le combat. Les fans pensent que Nick Diaz est méchant, mais c’est une grande gueule. GSP est méchant au bon moment. Les gens se trompent de jour, les bad boys je les inverserais… Tout ce trash talk est plutôt une source de motivation pour l’adversaire que pour celui qui donne les paroles car il passera pour un con s’il venait à ne pas assumer et à perdre, regardez Overeem face à Big Foot…  Pour prendre l’exemple d’un français, j’ai coaché Antony Rea lors de son combat contre Cyborg, il me disait « C’est un cinglé, ça va être chaud ! » car il l’avait insulté en conférence de presse. Je lui ai fait comprendre que ce n’était que de l’excès de zèle et de la perte de temps. La preuve, Antony l’a mis TKO dans le second round. Donc, la provocation de Nick Diaz ne m’impressionne pas, George non plus. Il reste humain et est battable. Tu peux le battre sur une soirée où il passerait à côté de son combat, mais tu ne seras que le champion de la soirée, tu ne seras jamais le champion qu’il est ! Un peu à l’image de Cain Velasquez chez les lourds. C’est le vrai champion de la catégorie. Les lourds pensent qu’ils sont forts car ils sont lourds et dominent leurs partenaires d’entrainement plus légers qu’eux, mais ils ont tort ! Moi je me suis toujours entrainé comme un léger et quand je tourne avec eux, j’essaie de ne pas leur faire mal.
 
FF : Beaucoup de fans aimeraient le voir affronter Anderson Silva, quel est ton point de vue ?
 
KM : Depuis sa blessure, GSP a de l’appréhension, il a subi une grosse rééducation et il s’entraine très dur. George est un gros athlète, il n’est pas dopé. Lorsqu’on lui demande pourquoi il ne veut pas combattre contre Silva, il répond que pour prendre 10kg, il faut être dopé. Par contre, si Anderson venait à passer en welterweight pour le défier, là il n'aurait pas d'autre choix que d'accepter le combat pour défendre son titre !
 
FF : Tu es un peu comme le grand frère de George St. Pierre ?
 
KM : J’essaie surtout de faire en sorte qu’il ne fasse pas les erreurs que j’ai commises. Au début de sa carrière, il est arrivé avec le genou gonflé d’eau mais voulait quand même combattre pour suivre mon exemple lorsque je me battais avec les côtes cassées où quelque chose d’autre mais je lui ai conseillé de ne pas toujours reproduire ce que j’ai fait. J’étais présent dans ce sport alors qu’il n’était pas encore très développé et je n’avais pas le choix. Il devait affronter Pete Spratt. Les gens lui disaient tous que c’était la chance de sa vie, mais ces gens-là n’avaient jamais été de notre côté de la cage. On a annulé le combat et mis l’organisateur en colère… Le combat contre Spratt s’est finalement fait trois mois plus tard, et George l’a soumis dans le premier round. S’il avait combattu avec son genou en vrac, sa vie sportive n’aurait peut- être jamais décollé et il serait resté comme un bon petit canadien évoluant dans des organisations mineures. Deux mois après Spratt, George faisait son premier combat à l’UFC en janvier 2004.
 
 

FF : Pourquoi ne te voit-on pas plus souvent en France ?
 
KM : En France, les gens confondent souvent entre être un vrai champion et être le champion d’une salle. Je préfère un mec qui n’est pas bon, mais qui a de grosses couilles, des mecs qui te suivraient jusqu’à la mort. Il ne faut pas confondre prof et combattant. Ce n’est pas parce qu’on est ceinture noire et qu’on fait taper les gens qu’on vaut  mieux que les vrais combattants même si on les soumet à l’entrainement. Il faut diversifier les cours, séparer les cours loisirs des cours combattants et encore une fois ne pas confondre les ceintures noires et les compétiteurs.
La France détruit ses champions. J’ai vu un reportage en France sur Cheick Kongo. C’est un guerrier qui a plein de beaux combats et de victoires et là, ils le montrent prendre un ko face à Frank Mir et rien sur sa réussite ! On met en avant les défaites et on laisse de côté les victoires. 
 
Aldric Cassata (ndlr : coach du Boxing Squad de Nice) aurait pu être un très bon combattant mais la France l’a bouffé. Toujours des problèmes d’argent, aucune aide, aucun soutien ! On nous envoyait dans des pays où on devait partager des salles avec d’autres, dans des conditions très limites. La vie entre la France et les Etats-Unis n’a rien à voir. Aux USA tout est mis en œuvre pour que tu réussisses. Ici, on t’en empêche ! Tu dois bosser à côté car combattre ne te rapporte rien, tu n’as pas de sponsors, pas d’équipementiers, pas de soutien encore une fois.  
 
La France prend des sports qui viennent d’autres horizons et les détruit tout simplement ! Moi je suis gradé dans plusieurs sports, je peux enseigner dans n’importe quels pays SAUF en France, car il faut un brevet d’état. Le sport est géré par des gens qui n’en ont aucune pratique et passent leur journée en costume cravate. Quelqu’un qui n’a pas pratiqué ou qui ne vient pas d’un sport ne peut pas comprendre la logique du combat.  Je prends l’exemple d’Yves Lavigne, c’est un arbitre canadien. Nous l’avons fait venir à la salle pour lui expliquer qu’il ne faut pas relever systématiquement car on a peut être mis 4 minutes à l’emmener au sol, à travailler pour ça et on souffle quelques secondes et là, l’arbitre venait tout gâcher. Il a fini par comprendre, mais le gars arbitrait sans jamais avoir pratiqué ! 
 
FF : Que penses-tu du pancrace ?
 
KM : Le pancrace et le MMA n’ont rien à voir, la France détruit un peu l’image du mma. Les deux sports ne sont pas compatibles.  Je ne veux rien à voir à faire avec la France. Je pense qu’en quelques années on peut former de grands champions à Monaco vu les structures qu’il y a ici ! Une fois, j’ai coaché un mec de Monaco qui affrontait un combattant de la Snake team de Cyrille Diabaté. Avant le combat, Cyrille m’a dit que son fighter allait le détruire comme il venait de Monaco. Quand je lui ai dit qu’il n’était pas d’ici mais qu’il s’entrainait là avec moi, Cyrille a changé de visage et mon gars a battu le sien ! Je viens à Monaco car en France, je perds du temps. Pour en revenir à lui, un mec comme Cassata s’est fait bouffer par la France et je ne veux plus jamais avoir à entrainer des gens qui ne peuvent pas se donner à 100% dans ce sport car ils doivent taffer à côté ! Il est très difficile de créer de bons sportifs ici. Tout l’argent du sport part dans le foot ou dans des sports commerciaux…  S’ils veulent une équipe, c’est la France qui devrait payer et investir dans ses jeunes. 
 
FF : A ce sujet, quel conseil donnerais-tu justement à un jeune qui voudrait se lancer ?
 
KM : Je ne veux plus donner de faux espoirs à des jeunes. Les jeunes, je les envoie au Canada pour les tester et s’ils n’en valent pas la peine, je leur conseille de changer de sport. Il faut bien choisir ses premiers professeurs pour avoir de bonnes bases venant de vrais sports comme par exemple la lutte olympique ou le jiu-jitsu brésilien. Je ne conseille mes propres méthodes et la façon dont moi j’aime faire les trucs, mais plutôt la vraie façon de faire chaque chose.
 
FF : Merci à toi de nous avoir accordé de ton temps et de nous avoir rendu visite lors de notre passage à Monaco.
 
KM : Merci à vous, à bientôt !
 
 
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